Ils sont plusieurs centaines de personnes notamment les jeunes à prendre d’assaut tous les dimanches matin, le quartier « Abattoir », les lundis et jeudi, le marché de Hédzranawoé où s’animent les marchés de la friperie. Pour le consommateur togolais, ces vêtements de seconde main exportés d’Europe ou d’Amérique sont « une bénédiction ». Hier un secteur florissant, les avis ne sont plus les mêmes sur ce secteur de la part des acteurs. Reportage !
Dimanche 27 Janvier 2019, 7 heures au quartier communément appelé «Abattoir », situé au sud du grand marché de Lomé, le grondement des moteurs mêlé au brouhaha des magnétophones venant de partout déchirent l’atmosphère. Des chemises, des pantalons, des casquettes suspendues par ci et par là ou déposés à même le sol. C’est le marché de la friperie.
Ambroise Talli, 27 ans environ, un jeune homme habillé en tee-shirt et pantalon jeans adossant sur le poteau de son parasol est occupé par deux clientes qui viennent marchander avec lui. Ce jeune homme vend seulement des vêtements pour filles car pour lui, les filles achètent plus que les garçons, « je vends des pantalons bas, des t-shirts pour femmes parce que les filles achètent plus » déclare-t-il. Mais Ambroise gagne pas mal d’argent par jour sur son commerce, « Je peux gagner entre 3000 et 5000 F Cfa par jour si le marché est bon », a-t-il confié.
A côté de la table de celui-ci, une jeune fille culbute les tas d’habits étalés sur une table : « Je cherche un body mais malheureusement je n’en trouve pas ici », se désole-telle. Selon ses propos, elle se rend souvent sur ce lieu pour se ravitailler en chemises et en pantalons car là-bas c’est moins cher et elle y trouve de bonnes choses. Même son de cloche chez Mariama, de retour d’un footing à la plage, « comme je suis étudiante, je n’ai pas beaucoup d’argent pour aller dans les boutiques prêt à porter, je viens ici pour trouver des habits qui sont à ma portée», déclare-t-elle avec un large sourire.
Mais pour Moustapha, 24 ans, qui vient de commencer cette activité, la situation est compliquée. « La vie est chère, les gens n’ont pas d’argent peut-être pour acheter ces vêtements qui ne coûtent rien pratiquement et cela montre que le pays va mal», se plaint-il.
Dans le même ordre d’idée, Basile a quitté les bancs prématurément. Ne trouvant rien à faire, il s’est lancé dans ce commerce, « Vous voyez, le marché est trop difficile, il y a beaucoup de gens mais ils achètent peu. Ceux qui se décident demandent des remises pas possibles », se lamente ce jeune d’une vingtaine d’année.
Abdou un autre vendeur à coté est du même avis. «C’est juste qu’on ne peut pas rester sans rien faire mais tout le monde sait que le marché est difficile » peste-t-il avec un air sérieux. Selon lui, il dépense beaucoup d’argent mais peine à écouler sa marchandise « pour débloquer une balle de fripe il me faut à peu près 90 000f à 100 000F mais après j’ai du mal à les revendre. C’est les grands patrons, je veux parler de ceux qui nous vendent les balles qui se font beaucoup d’argent », se désole-t-il. Sur le plan rendement Abdou est stricte là-dessus « des fois en vendant toute la journée je rentre avec 2000 F».
Sous l’assaut des clients étrangers
Au Togo, le business était très lucratif. Mais depuis quelques années, les marchés ont été envahis par des clients étrangers qui s’arrangent à coûts d’offre plus alléchants pour rafler toutes les premières qualités. La faiblesse du pouvoir d’achat du togolais fait vite le lit devant cet assaut. Aussi, certains viennent se procurer pour aller vendre beaucoup plus cher dans leurs pays. Au fil des années, le marché de friperie a perdu son lustre et se transforme, chaque jour un peu plus, à un marché de survivance.
Malgré leurs maigres bénéfices, les vendeurs de friperie que nous avons rencontrés ne sont pas prêts à abandonner cette activité. Ils espèrent toujours que demain sera meilleur.
source : La Fraternité