Comment se porte l’économie togolaise en 2018 et qu’en attendre à fin 2019 ? Le Togo vient d’assez loin, lorsqu’on veut parler de son taux d’endettement par rapport à la norme communautaire régionale de l’espace UEMOA. Si à fin décembre 2016, du fait des préfinancements et autres dépenses somptuaires, le taux d’endettement avait grimpé au-delà des 81% du PIB, depuis l’entrée en programme du pays avec le Fonds monétaire international (FMI), la tendance est résolument à la baisse. Tant et si bien qu’à fin décembre 2018, des indicateurs permettent de l’apprécier, mais aussi de constater que des dépenses d’investissement en ont pâti.
Ainsi, dans l’agenda relatif à la Facilité élargie de crédit (FEC), il était prévu : un assainissement budgétaire dont les axes principaux étaient de ramener la dette publique en dessous de la norme budgétaire de l’espace UEMOA, de ramener le déficit public global en dessous des 3% du PIB conformément à la norme, et de protéger les dépenses sociales qui ne devraient pas pâtir des cures d’austérité ; ensuite restaurer la stabilité financière. Et dans ce cadre, l’idée première était de renflouer les deux banques publiques à problème que sont la BTCI et l’UTB ; en dernière position, des réformes structurelles devaient toucher les impôts, les douanes, le budget et le climat des affaires.
A fin 2018, les différents indicateurs indiquent que la croissance du Togo s’est établie à 4,7%, un chiffre très loin des standards de 7% et au-delà pour impacter le quotidien des citoyens.
L’inflation est resté faible, soit 0,7%. La dette publique se chiffre à 74,1% du PIB en prenant en compte la dette des entreprises publiques en difficulté. Quant au déficit public global, il s’établit à 5,3% du PIB.
Des signaux positifs ne sont pas parvenus à occulter certaines réalités. Ainsi, bien que le Togo ait validé 14 critères sur 20 sur l’échelle du Millenium Challenge Corporation, qu’il ait effectué un bond de 19 places au niveau de Doing Business et qu’il figure parmi les 15 pays les plus réformateurs, sans passer sous silence le fort dynamisme dans la création d’entreprises, le processus de privatisation des deux banques qui suit son cours et l’ouverture du capital de Togocom, et un assouplissement du crédit, il est apparu des points de vulnérabilité.
Le FMI constate une plus faible accélération de la croissance, ce qui risquerait d’avoir un impact négatif sur les finances publiques. L’exécution des dépenses d’investissement a aussi connu un retard qui n’augure rien de bon. Et pour ne rien arranger, le déficit commercial, tout comme celui public se sont accrus. Et quand on ajoute à ces voyants la réalité selon laquelle des pays de l’hinterland sont en chantier d’agrandissement de leur aéroport, il est certain que sans anticipation, le Togo pourrait voir son importance par rapport à ces pays diminuer dans un proche avenir.
Mais en attendant, les projections du FMI tablent sur une croissance de 5% (toujours trop loin des standards), une inflation légèrement en hausse de 1,8%, un déficit public global de 2,6% du PIB et enfin un taux d’endettement en dessous du plafond à ne pas atteindre, soit 69,9% du PIB.
Le Togo dispose-t-il d’une cellule de gestion des risques budgétaires devant lui permettre d’anticiper sur les événements ? L’espace communautaire dans lequel évolue le Togo a-t-il un droit de regard sur les politiques budgétaires des pays respectifs ? Il est apparu que les pays en développement ne procèdent pas à des analyses budgétaires dans la préparation de leurs budgets, le Togo compris. En outre, la conception d’un budget tient compte de la dette du pays dans les cinq prochaines années. Le Togo se démarque-t-il de cette exigence ? S’il est un constat fait par le Représentant-résident du FMI au Togo, Jules Tabsoba Sampawende durant son parcours, c’est qu’un pays se gère comme une marque. Comprenne qui pourra.
Godson K.
Source : Liberté No.2867 du Mardi 26 Février 2019